Par Égide Royer, Ph. D. psychologue
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La réussite scolaire n’est pas seulement une question de caractéristiques familiales, de niveau socioéconomique ou de pratiques parentales. La qualité de l’enseignement et des services offerts par l’école est aussi une variable très importante. Nier cette réalité, c’est refuser de croire que nous pouvons, en éducation, faire une différence.
Ces 30 dernières années, j’ai eu l’occasion de visiter plus d’une centaine d’écoles, de rencontrer plusieurs milliers d’enseignants et autres éducateurs et de leur offrir une formation initiale ou continue. Je peux attester que le Québec possède un système scolaire de qualité, perfectible certes, mais qui peut compter sur des femmes et des hommes motivés qui désirent le meilleur pour leurs jeunes. Ces rencontres m’ont souvent permis de reconnaître ce que les recherches ont fait ressortir comme attributs des bonnes écoles.
Les meilleures maisons d’éducation possèdent en effet certaines caractéristiques communes :
- La direction y exerce un solide leadership. Elle propose au personnel, aux élèves et aux parents un but commun et fait en sorte que l’école soit un environnement organisé, prévisible et sûr pour l’enseignement et l’apprentissage. La direction y joue essentiellement un rôle de chef d’orchestre : elle dirige l’exécution d’une œuvre dont le succès repose sur la cohésion de l’ensemble et la mise en valeur des talents de chacun des musiciens.
- Ces maisons d’éducation privilégient clairement l’enseignement et l’apprentissage. Il s’agit de leur mission fondamentale. Les éducateurs qui y travaillent croient fermement que la qualité de leur enseignement joue un rôle essentiel dans la réussite de leurs élèves.
- Ces établissements entretiennent des attentes élevées quant à la réussite de tous les élèves. L’atteinte des objectifs d’apprentissage, de socialisation et de qualification fait l’objet d’un suivi régulier et systématique.
- Ces écoles ont compris qu’un gramme de prévention vaut un kilo d’intervention. Elles agissent de manière proactive auprès des jeunes du préscolaire et de la première année qui risquent de développer des retards en lecture et des problèmes de comportement. Le passage au secondaire et l’insertion professionnelle font l’objet de la même attention.
- Dans les classes de ces écoles, les objectifs et les attentes quant à la performance sont clairement exprimés et bien compris par les élèves. Ces derniers savent ce qu’on attend d’eux et connaissent clairement les standards qu’ils doivent atteindre.
- La gestion de la classe est positive, structurée et prévisible. Il existe un bon appariement entre les habiletés des élèves et les exigences des tâches qu’on leur propose.
- L’enseignant suit de près les progrès de chacun. Les habiletés et les connaissances des élèves sont évaluées fréquemment et un soutien leur est fourni individuellement.
- Le temps disponible pour l’enseignement est bien utilisé. L’apprentissage est actif et les élèves ont plusieurs occasions de participer. Le temps d’enseignement et d’apprentissage est protégé.
- Les parents reçoivent des informations claires et fréquentes concernant la progression de leurs enfants. À la question « Est-ce que mon fils possède des habiletés de compréhension en lecture comparables à celles de la moyenne des jeunes de son âge? », ils peuvent obtenir une réponse claire. Les parents se sentent les bienvenus à l’école et y sont considérés comme des partenaires à part entière de la réussite de leurs enfants.
- La très grande majorité des jeunes développent enfin un sentiment d’appartenance à leur école : ils sont fiers de la fréquenter, en parlent avec le sourire et prennent plaisir à y apprendre, à y retrouver leurs amis et à participer aux activités parascolaires qui y sont proposées.
À la lecture des dix observations précédentes, il est difficile de ne pas être convaincu que la qualité de l’enseignement et des enseignants constitue la variable la plus importante de la réussite à l’école. Elle transcende toutes les autres.