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Pouce, suce et compagnie!

Par Myriam Venne, M.Sc., orthophoniste 

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Faire un choix éclairé pour bébé

Quand nous devenons parents, nous sommes rapidement confrontés à la dure réalité que nous aurons des choix à faire pour une multitude de choses qui concerne notre enfant. Ces choix, nous les faisons généralement selon nos valeurs et nos goûts, selon les coûts et les tendances. Beaucoup d’éléments viennent influencer le produit que nous choisirons pour notre petite progéniture. Le but de cet article est de vous permettre de faire un choix éclairé sur l’utilisation de ce que nous pourrions qualifier de tout « objet qui va entrer dans la bouche de mon bébé ». J’entends donc par-là suce, pouce, tétine, verre à bec, verre à paille, etc. Sachez qu’il n’y a pas de choix parfait, mais il y a des options qui comportent moins d’impacts à long terme pour votre tout-petit. 

Prendre le temps d’y réfléchir peut permettre de :

  • Mieux comprendre mon enfant lorsqu’il parle;
  • Éviter d’avoir à payer des traitements orthodontiques;
  • Prévenir l’apparition de douleurs articulaires, notamment à la mâchoire.

Pouce vs suce

Ce qu’il faut savoir dans un premier temps, c’est que téter = survie. Le réflexe de succion  téter – est inné chez les êtres humains (comme chez tous les mammifères d’ailleurs). Il est donc normal qu’un bébé cherche à porter des choses à sa bouche pour les téter (doigt, suce, jouet). Le réflexe de succion répond à de multiples besoins pour nos petits chéris comme se nourrir, se rassurer, se réconforter, se réguler, etc. Chez certains enfants, l’habitude de succion signifie « réconfort maximal » et se perd plus difficilement dans le temps. 

Maintenant que nous savons que le réflexe de succion est inné, quoi choisir pour répondre au besoin de téter chez mon enfant ? Le pouce, la suce, les doigts? 

Ce que la science nous dit : L’utilisation prolongée de l’un ou l’autre (c’est-à-dire au-delà de 2 ans) peut avoir des impacts significatifs sur : la dentition, la forme du palais, la façon d’avaler (déglutition), la position de la langue au repos, la respiration et la prononciation de certains sons.

À part le critère d’âge, qu’est-ce qu’on peut qualifier de « manière prolongée »? En tant qu’orthophoniste, je considère le terme « utilisation prolongée » de la suce/du pouce par le fait de permettre à l’enfant d’y avoir accès en tout temps, à toute heure de la journée. Donc que son utilisation dépasse des moments spécifiques comme à l’endormissement ou encore lorsque l’enfant vit une grande émotion. 

Ce que nous retenons donc ici, c’est que nous souhaitons le plus possible tendre vers une utilisation restreinte de la suce au fil de la journée et d’essayer, dans un monde idéal, de réduire, voire éliminer les habitudes de succion avant l’âge de 2 ans. 

Pourquoi? À partir de 2 ans, certaines structures dans la bouche se rigidifient, deviennent moins malléables. C’est le cas du palais et des dents. Donc, une suce qui est dans la bouche pour une période prolongée fait une empreinte au palais ainsi que sur la position des dents. Plus le temps avance, plus votre enfant vieillit, plus cette empreinte devient permanente. Il en est de même pour la posture de la langue au repos. Une bonne position de la langue au repos devrait être plus haute que basse. Si le pouce/la suce est toujours en bouche, alors la langue se positionne systématiquement plus bas dans la bouche. À long terme, elle prend l’habitude d’être basse ce qui peut avoir un impact sur la respiration et la production de certains sons comme le « s » par exemple. 

Et si je choisis la suce, laquelle choisir?

La première chose à savoir, c’est qu’une suce avec une tétine souple est préférable à tétine plus rigide. Rappelons-nous que nous préférons quelque chose qui se moulera au palais plutôt que l’inverse. Ensuite, suivant le même concept, sachez qu’une tétine plus aplatie (souvent appelée orthodontique) épouse mieux la forme du palais qu’une tétine ronde. 

À partir de ces informations, mon conseil d’orthophoniste-maman est le suivant : essayez d’abord la suce à tétine dite orthodontique. Si votre bébé la refuse après quelques essais, essayez les autres options de tétine tout en gardant en tête qu’au-delà de tout, ce qui fera une différence est d’éviter l’utilisation prolongée de la suce.

Qu’en est-il des autres objets que mon enfant porte à sa bouche en guise de réconfort?

Chez certains enfants, l’habitude de succion concerne un toutou, une « doudou » ou un jouet préféré. Dans ce contexte, il faut retenir que la souplesse, la forme et la fréquence viennent influencer grandement l’impact qu’aura cette habitude sur les structures. Professionnellement, je serais portée à catégoriser ces objets davantage dans la colonne du pouce que de la suce en raison de leur forme, rigidité et accessibilité en tout temps. 

Comment apprendre à boire sans (trop) de dégât?

Le sujet du biberon peut rapidement devenir un sujet sensible dans certains foyers. Ce qui m’intéresse ici est le récipient, non pas ce que vous donnez à votre bébé à l’intérieur. Cette section sera donc consacrée aux contenants qu’il est possible d’utiliser à partir de 6 mois pour donner un liquide (eau, lait, autre) à l’enfant. 

Le biberon, comme il répond au besoin de succion de l’enfant, est considéré dans la même catégorie que la suce ou le pouce. Ainsi, son usage devrait être limité plus l’enfant grandit. Je parle donc encore une fois ici de tendre le plus possible vers une utilisation qui se limite à des moments précis passé l’âge de 12 mois. De plus, sachant que la tétine du biberon est semblable à celle d’une suce, une utilisation prolongée en bouche (par exemple, un enfant qui s’endort avec le biberon dans son lit) peut créer les mêmes impacts qu’une suce/un pouce s’il est utilisé au-delà de 2 ans.

Quelles autres options de contenants s’offrent à vous en bas âge à part le biberon? Sachez que les enfants développent très tôt l’utilisation de verres réguliers (que j’appellerai verres « ouverts ») s’ils y sont exposés graduellement. Les verres nommés « 360 » peuvent être un bon modèle pour commencer à entraîner les tout-petits à l’utilisation d’un verre « ouvert ». Ils ne sont pas 100% antifuite, mais ils contrôlent le débit ce qui aide à l’enfant à apprendre et le parent à mieux gérer les dégâts potentiels. Il est possible de commencer à utiliser dès 6 mois ce type de verre suivant la capacité de bébé à prendre des poignées. Comme il n’implique pas d’embout ou encore de paille, il gagne la première place parmi tous les choix de contenants!

Vous trouverez également un éventail de verres à bec ou à paille dans tous les grands magasins près de chez vous. Ce qu’il faut savoir est que ce type de verres répond davantage au besoin du parent qu’au besoin de l’enfant. La raison est simple : ils ne font pas, pour la majorité d’entre eux, de dégâts même s’ils sont renversés, et ce, grâce à leur valve antifuite. Je tiens également à mentionner que, contrairement à ce que certaines compagnies nomment, le verre à bec n’est pas un passage obligé entre le biberon et le verre régulier. Petit retour en arrière à la théorie présentée précédemment, nous savons que les embouts souples sont à privilégier vis-à-vis les embouts rigides pour éviter les impacts à plus long terme sur les structures et les mécanismes de la bouche. Comme le verre à bec a un embout rigide, son utilisation doit donc être plus modérée. Le verre à paille quant à lui est parfois muni d’une paille rigide, parfois d’une paille souple, selon les modèles. Suivant la même théorie, la paille souple serait à privilégier.

Ce qu’il faut retenir comme parent

  1. J’essaie le plus possible de réduire les habitudes de succion comme l’utilisation du pouce, de la suce ou du biberon avant l’âge de 2 ans.
  2. J’offre différents types de contenants pour boire à mon enfant dès ses 6 mois pour qu’il puisse développer ses habiletés motrices (tant sur le plan oral que global). 
  3. Pour une option zéro dégât, je privilégie le verre « 360 ».